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Page:Ghil - De la poésie scientifique, 1909.djvu/32

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de la poésie scientifique

En 1887, en un nouveau volume de poèmes, M. Émile Verhaeren se montre acquis à l’art synthétique et suggestif de Stéphane Mallarmé. Et, d’une compréhension pénétrante, son verbe est travaillé musicalement selon « l’Instrumentation verbale ». Trois Recueils admirables paraissent.

Aussi de moi il sera persuadé de cette nécessité, dite en 1884 et mise en œuvre, de chanter les énergies nouvelles, — des campagnes inquiètes, troublées intimement, et du monstrueux et intelligent mécanisme des usines, par les villes, au tragique et occulte trafic des Bourses du monde, — et, hors de l’égotisme, produire l’âme et l’œuvre complexes de l’homme-social[1].

Il n’a d’ailleurs été que le premier à relever de mon appel


  1. « Si la critique se croit le droit d’admirer le talent d’Émile Verhaeren et parfois de Mallarmé, de G. Kahn, de Viélé-Griffin et d’autres dont la technique a subi l’influence de René Ghil, faudrait-il se détourner de ce dernier parce que son intensité est plus grande et son but scientiste plus élevé ? » Edgar Baës, Fédération artistique, Bruxelles, Février 1907.

    « Verhaeren brise son vers qui s’alourdissait des disciplines anciennes, et il retrempe son aspiration au matérialisme, à la croyance en l’idéal scientifique et en la nécessité de l’effort. Manifestement, c’est à M. René Ghil qu’il est ici redevable… À l’Œuvre de M. René Ghil qui exalte optimistement la science, Verhaeren a dû d’éprouver — à travers son tempérament farouche et son imagination héroïque et tragique — tout ce qu’il pouvait y avoir de beauté à célébrer l’orgueil humain, en départ de conquête, au-devant des inconnus menaçants, et à le célébrer en rythmes indépendants et souples.

    Telle est, du moins, l’impression qu’on tire de son livre Les Forces tumultueuses (1902), que je ne crains pas de déclarer, sinon le meilleur, du moins le plus significatif de tous ceux qu’il a donnés. » (John. L. Charpentier. — Les Temps nouveaux, Avril 1908).