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Page:Ghil - De la poésie scientifique, 1909.djvu/33

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de la poésie scientifique

en cette direction, dont maints poètes depuis se sont plus ou moins inspirés. (Aussi, disons en passant que le précepte et l’exemple ont porté, par mon Œuvre-une, qui amenèrent les poètes de hasardeux recueils, sinon à composer et ordonner le livre de vers, du moins à lui désirer une presque unité par parties)…

Les derniers poèmes de M. Émile Verhaeren attestent encore, par endroits, qu’il s’approche du sens universel, tel qu’en voulant exprimer les rapports de l’homme et de l’univers selon la science, le recèle la « Poésie scientifique », — tandis qu’entre temps il devenait très évidemment tributaire de l’expression Rythmique de M. Francis Viélé-Griffin… Or, le tout, dont avec une si intuitive sûreté il sut prendre seulement ce qui convenait à son tempérament, M. Émile Verhaeren l’a re-créé si intensément en le développant en son propre génie verbal direct, non nuancé, et en son énormité de vision, que son œuvre est cependant puissamment homogène.


Mon admiration, consciente d’une exceptionnelle énergie contenue, va aussi à M. Francis Viélé-Griffin.

Le sens de la nature et de la Vie dès lors considérée sous son aspect légendaire, l’émotivité de son premier livre, en 1886, s’en montre soutenue, — en même temps qu’un court avant-propos revendique la complète liberté du vers pour concourir à des phrases harmoniques. C’est donc en évolution logique qu’il rencontre le « Vers-libre » de Gustave Kahn, qu’il le reprend, en élucide davantage la théorie qu’il assouplit comme musculairement.

De concept plus philosophique en même temps qu’ins-