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Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/152

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tour par d’autres causes indépendantes des prix, telles que le développement des transports, nombre des mines, etc.

De plus, en admettant même une augmentation de consommation proportionnelle ou plus que proportionnelle à l’abaissement des prix, encore faudra-t-il un temps plus ou moins long et peut-être même plusieurs générations avant que cette évolution s’accomplisse. Il faut du temps pour que les prix anciens s’abaissent, d’autant plus que la résistance intéressée des fabricants et les habitudes acquises en ralentissent la chute : la concurrence finit bien par l’emporter, mais des industries rivales ne s’établissent pas en un jour. Il faut plus de temps encore avant que l’abaissement des prix ait fait pénétrer le produit dans ces nouvelles couches de la société qui ne changent pas en un jour leur goût et leur besoin. Et pendant ce temps, que fera l’ouvrier qui est obligé de vivre au jour le jour ? — pour ses petits-enfants peut-être il y aura compensation, mais non pas pour lui.

Restitution du travail organisé. — Tout emploi de machines qui économise la main-d’œuvre, dit-on enfin, entraîne nécessairement un gain pour quelqu’un, gain réalisé soit par le producteur sous forme d’accroissement de profit s’il continue à vendre ses produits à l’ancien prix, soit par le consommateur sous forme de diminution de dépenses si, ce qui est te plus vraisemblable, le prix du produit s’abaisse au niveau du nouveau coût de production. L’argent qui se trouve en moins dans la poche des ouvriers congédiés n’est donc pas perdu : il se retrouve dans la poche du fabricant, ou dans celle des consommateurs. Or, que fera le fabricant de ses nouveaux profits ou le consommateur de ses nouvelles épargnes ? Il les placera ou les dépensera : pas d’autre alternative. Donc, dans un cas comme dans l’autre, il faudra bien que cet argent aille encourager quelque industrie et développer la production, soit en achetant de nouveaux produits, soit en fournissant à la production de nouveaux capitaux.

En fin de compte donc, toute invention mécanique aurait pour résultat de rendre disponible, de « dégager », comme on dirait en termes de chimie, non seulement une certaine