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Page:Gilkin - La Nuit, 1897.djvu/103

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Jamais tu n’entreras dans les villes célèbres
Tout ruisselant d’amour, de grâce et de beauté,
Délivrant les yeux clos des funèbres ténèbres,
Ranimant d’un baiser la vie et la santé,

Versant sur les pécheurs, de tes beaux grands yeux calmes,
Les pardons souverains qui rouvrent le ciel bleu
Et vers ton doux royaume, au triomphe des palmes,
Conduisant les élus qui te confessent Dieu.

Jamais les affligés, les filles orphelines,
Les pauvres, les lépreux et les pestiférés,
Faisant de leurs douleurs des voluptés divines,
N’expireront de joie à tes pieds adorés.

Et jamais dans ton ciel d’yeux et d’ailes de flammes
Ne t’éblouiront comme une forêt de fleurs,
Ô millions de lys et de roses ! les âmes
Dont ta bouche en baisers aurait changé les pleurs !…

Oui, pleure, dieu tombé ! Ta vie est révolue.
Car voués désormais à l’œuvre de la mort,
Tes reins engendreront pour la tombe voulue.
Va ! l’antique sentence a proclamé ton sort.