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Page:Gilkin - La Nuit, 1897.djvu/123

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ÉVOCATION



Du fond d’un cœur meurtri j’évoque ton image,
Cher enfant trop aimé que la vie assassine,
Ô jeune front pensif, couronné de glycine,
Penché sur le bassin où l’eau vive ramage !

Douce tête souffrante aux grands yeux de glycine,
Dans l’onde, où maint oiseau surnaturel ramage,
Mire furtivement ta lumineuse image
Sans craindre que la brise en jouant l’assassine.

La forêt qui gémit d’un perfide ramage,
T’attire aux profondeurs de son ombre assassine :
Ô reste à la lumière où, parmi la glycine,
L’eau divine en chantant berce ta claire image !

Et quand viendront l’amour et la mort assassine,
Les oiseaux merveilleux cesseront leur ramage ;
Et mon chant triomphal saluera ton image,
Ô mon royal enfant couronné de glycine !