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Page:Gill - Vingt années de Paris, 1883.djvu/167

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fermées. Silence. Il faut attendre maintenant les décisions du jury. Que faire jusqu’au premier mai, jusqu’à l’ouverture de l’Exposition ?

L’œuvre accomplie, l’effort épuisé, la tartine ou le navet disparu, l’artiste, aux premiers instants, semble hébété, prostré, comme amputé d’un morceau de son être. Il erre, traînant son désœuvrement, son inquiétude, par les rues, les brasseries, le regard vague, les bras ballants, rebelle au séjour de l’atelier vide, veuf de sa chimère.

En effet, si médiocre que soit l’œuvre, on y a laissé de soi-même ; utilement ou non, ce marbre, on l’a ému de son souffle, on a laissé de sa vie en cette toile ; à l’heure de la séparation, non seulement c’est un vide à l’atelier, c’est véritablement un trou dans le cœur. Chez les isolés surtout, les céliba-