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Page:Girard - Rédemption, 1906.djvu/154

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Rédemption.

tance pour ne pas être éclaboussés comme par une cagne qui secoue son corps au sortir d’une pièce d’eau bourbeuse.

Claire s’étant tournée vers Réginald, une croix en diamants, suspendue à son cou par une chaînette d’or, brilla de feux irisés.

— Oh ! répondit mademoiselle Béchet, vous n’avez donc pas remarqué ce magnifique bijou suspendu à son cou.

Mademoiselle Blais fit une moue dédaigneuse tandis que ses yeux brillaient d’envie.

— Bah ! le prix du vice.

Claire disait à Réginald :

— Monsieur Olivier, pourquoi m’avez-vous envoyé ce bijou ? C’est trop, vraiment. Lorsqu’on me l’a remis ce matin, mon premier mouvement a été de refuser, puis j’ai craint de vous faire de la peine.

— La croix, répondit-il, est l’emblème de la souffrance et de la rédemption.

Elle voulut parler. Ses paupières se mouillèrent et elle regarda Réginald avec une expression indéfinissable de reconnaissance.

— Ah ! mon Dieu, pensa-t-elle en se recueillant, se peut-il que l’homme soit si bon. Bénissez-le pour le bonheur qu’il me procure et pour la paix qu’il a fait descendre en mon âme.

— Au moins, observa madame Dubois, dont les chairs débordaient en bourrelets du corsage largement échancré, cette fille devrait avoir un peu de décence et ne pas donner ainsi sa honte en spectacle au public.

— C’est étonnant, répondit son mari, je connais monsieur Olivier depuis plusieurs années, et à part sa liaison avec cette courtisane, je le tiens pour l’homme le plus honorable du monde. Il est extraordinaire comme certaines femmes font perdre la tête aux gens les plus vertueux.

Madame Dubois le regarda, se demandant avec inquiétude si cette réflexion s’adressait à lui même ou à monsieur Olivier.