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Page:Girard - Rédemption, 1906.djvu/167

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Rédemption.


L’ÂME ET LE CORPS.


Réginald avait passé tout le jour au chevet de la malade. Il n’avait pas encore mangé. Le prêtre venait de partir après avoir prodigué à la jeune fille les sublimes et suprêmes consolations de la religion catholique.

À sept heures, Claire reposait paisiblement. Réginald se tint encore quelques minutes près du lit en chêne antique sculpté. L’édredon laissait à peine soupçonner le corps grêle ; les bras maigres tombaient avec fatigue.

Et c’était cette faible créature, étendue sur cette couche, que l’envie, la méchanceté, la légèreté continuaient à vilipender à cœur joie. Son âme est plus pure aujourd’hui que le plus pur des cristaux, et cependant, elle traînera jusque dans le tombeau le boulet de sa honte.

Ah ! il est terrible le mépris des bégueules et de certaines honnêtes femmes. La chaîne qu’elles rivent, elle est bien rivée.

Dieu est donc seul a connaître toute la grandeur de l’âme repentante de la pécheresse qui noie l’horreur du péché dans le nard dont elle arrose les pieds du Christ.

— Dès que mademoiselle se réveillera, dit Réginald à la garde malade, prévenez moi par téléphone. Je vais prendre un peu de repos.

Et il sortit à pas étouffés.

Avant de rentrer chez lui, il arrêta chez un fleuriste et choisit trente deux roses blanches qu’il lit porter chez Claire.

Lorsque la garde malade reçut la boîte de fleurs, Claire ne s’était pas encore réveillée. Mais dix minutes plus tard, dévorée par la fièvre, elle demanda à boire. La garde