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Page:Girard - Rédemption, 1906.djvu/169

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Rédemption.

— On m’a remis ceci pour vous, mademoiselle, il y a une dizaine de minutes.

— Ouvrez cette boîte, s’il vous plaît.

— Des fleurs ! oh ! les belles roses ! fit elle avec ravissement. Il n’y a pas de carte ?

— Non, mademoiselle.

— Quel autre que lui a pu songer à me faire ce plaisir.

Qu’est-il besoin de carte ?

Il y en a trente-deux, observa la garde malade après avoir compté.

— Trente-deux ?… Trente-deux ?… Ah ! je n’y pensais plus. Ma pauvre tête !… J’aurai trente-deux ans demain. Le bon, l’excellent ami. Il pense à des choses que je devrais être la première à me rappeler.

— Trente-deux ans ! Hélas ! verrai je l’aurore de mes trente-deux ans ? La vie était belle à vingt ans. mais aujourd’hui ne vaut-il pas mieux que je meure. Ces quelques cheveux blancs me disent que j’ai trop vécu, vécu trop vite, trop souffert, et qu’il est temps de partir.

Et cependant, malgré tout, j’aimerais mieux souffrir encore, mais vivre, rien que pour le voir près de moi.

— Mettez donc une de ces roses dans mes cheveux, et les autres là. sur ce lit, tout près de mon cœur, que je m’enivre de leur parfum.

Un quart d’heure plus tard, Réginald frappait à la porte de la chambre de Claire.

— Claire, demanda-t-il avec une sollicitude alarmée, êtes vous un peu mieux ?

— Ah ! mon pauvre, mon cher, mon unique ami, c’est la fin, je la sens là tout près de mon lit. Je veux vous remercier de ces roses que vous m’avez envoyées. Vous êtes bon, monsieur Olivier, si bon que vous me faites oublier bien des amertumes.