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Page:Girard - Rédemption, 1906.djvu/170

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Rédemption.

Ah ! j’étouffe. de l’air, de l’air !

Sa voix râlait.

— Le médecin, avez-vous téléphoné au médecin, demanda Réginald alarmé à la garde-malade.

— Oui, monsieur, répondit-elle.

— Appelez-le encore, hâtez-vous.

Il s’était agenouillé près de la moribonde.

— Ça va mieux, dit Claire dans un souffle, après que ses traits convulsés eurent repris un peu de calme.

— Cher ami, poursuivit-elle, les hommes ne sauront jamais l’immensité du bien que vous m’avez fait. Vous avez sauvé mon âme et m’avez procuré la paix, même dès cette vie. Vous vous êtes sacrifié pour une fille à qui vous ne deviez rien que votre mépris…

Claire, maintenant, parlait avec plus de difficulté.

Chaque parole lui déchirait la poitrine.

— De grâce, Claire, interrompit le jeune homme, ne dites plus un mot, vous vous tuez.

— Dieu seul vous en récompensera.

— Réginald, ajouta-t-elle avec effort, voulez-vous… m’embrasser…

Pardonnez-moi… c’est la dernière prière… d’une… mourante.

Le jeune homme, en sanglotant, effleura les lèvres de la moribonde, craignant de lui enlever la vie dans ce baiser.

Un rayonnement passa dans les yeux presque éteints de Claire qui brillèrent d’un dernier éclat.

— Le crucifix ! demanda-t-elle dans un souffle, le crucifix !

Réginald lui mit entre les mains le Christ d’ivoire suspendu au-dessus du prie-Dieu.

Elle pressa ses lèvres sur les pieds du Dieu martyr.

— La croix… emblème… de souffrance… et de rédemption… Ah ! mon Dieu… je leur pardon-