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Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/129

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Lui, quelques jours auparavant, sans ressource, repoussé de toutes les maisons où d’abord on l’avait accueilli avec bienveillance, tourmenté de l’idée de ne pouvoir restituer à sa mère ces pauvres mille écus si chèrement obtenus, lui malheureux, découragé, sans argent, sans amis, se trouvait tout à coup en possession d’une somme fort considérable, et, ce qui était mieux encore, en relation d’affaires avec un des banquiers les plus considérés de Paris.

Son extrême beauté n’était plus un obstacle alors à ses rapports avec M. Nantua ; il ne s’agissait plus de faire partie de sa maison et d’être commis dans ses bureaux : mademoiselle Nantua n’avait aucune chance de le voir. Tancrède pouvait donc rencontrer M. Nantua à la Bourse, à l’Opéra, et faire de grandes affaires avec lui, sans aucun danger pour l’imagination romanesque de sa jeune fille.

D’ailleurs, le père prudent avait moins de scrupules depuis que M. Dorimont servait si bien ses intérêts. Tancrède était donc dans une bonne veine, et il éprouvait cette grande