Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/143

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çà et là de petites lucarnes, jours de souffrance s’il en fut. Il arriva qu’un gros monsieur, après une longue conférence, sortit de chez M. Thélissier, et s’en vint, dans cette salle à manger ténébreuse, reprendre sa canne à parapluie dans le coin où il l’avait laissée. Comme il n’y voyait point, qu’il agissait à tâtons, il se trompa, et prit la canne de M. de Balzac pour la sienne ; et comme il ne pleuvait pas, il fut quelque temps avant de s’apercevoir de sa méprise.

Ce gros monsieur, par une de ces fatalités dont la vie est semée, s’était foulé le poignet droit quelques jours auparavant — vous devinez — et il avait le bras en écharpe. Le bras droit ! — devinez-vous ? — Il prit donc la canne merveilleuse de la main gauche, et s’en alla tranquillement sans que personne le vît, invisible sans le savoir.

Il se promena quelques moments sur les boulevards avec assez d’agrément. Tant qu’il marcha, tout alla bien ; il évitait de lui-même les gens qui venaient à lui, et il cheminait sans obstacle. Mais la curiosité le fit s’arrêter de-