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Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/151

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dans l’appartement pour savoir ce qui retardait son chevalier.

Celui-ci était occupé à choisir le gilet qu’il comptait emprunter tacitement à son maître pour ce jour-là.

Le choix fait, elle l’aidait à le rétrécir : et l’on s’amusait, on plaisantait, on cherchait à remplir l’espace qui existait entre le dos et l’étoffe, vu la différence qui existait entre la taille du maître et celle du valet.

Le Frontin avait pris deux coussins : l’un figurait le dos de monsieur, et l’autre sa poitrine ; et puis Frontin singeait son maître, et, ce qui était plus mal, se plaisait à le contrefaire.

— Mets donc l’habit de monsieur, dit la cuisinière ; tiens, comme ça… on croirait que c’est lui. Oh ! que t’es laid ! marche donc ! Oh ! que c’est bien ça ! le nez en l’air ! Oh ! c’est ça ! t’as l’air bête comme lui.

Or, monsieur était là depuis un quart d’heure, immobile, stupéfait et invisible.

Enfin, il retrouva la voix.

— Joseph ! s’écria-t-il.