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Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/174

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idées ; elle croyait rêver ; — mais quand elle eut jeté les yeux autour d’elle, qu’elle eut regardé la place où il était, encore parée de sa présence, elle comprit la vérité, elle comprit qu’elle aimait, qu’elle venait de donner sa vie par amour.

Alors elle pensa à lui, rien qu’à lui — elle ne pense pas à ses enfants qu’elle adore, à son mari qu’elle respecte et qu’elle a trahi, à sa mère qui fut toujours irréprochable et qui la maudirait… elle ne sait plus rien de sa vie passée ; elle a oublié sa naissance, son nom, sa jeunesse — son existence ne date que d’une heure ; elle ne pourrait pas dire qui elle est, elle a tout oublié, vous dis-je, et c’est son excuse.

Elle aime !… ce mot puissant remplit tout son cœur. Demain, elle se ressouviendra, demain elle retrouvera des remords et des larmes ; ce soir elle est aimée, et toute sa pensée est amour !

Hélas ! rien ne l’avait préparée à l’amour ; il l’a frappée comme la foudre, sans qu’elle pût songer à l’éviter. Une si violente passion dans