Aller au contenu

Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/175

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un cœur si jeune est terrible ; Malvina est trop faible pour avoir l’idée de combattre, trop franche pour n’être pas heureuse ; mais cette joie est mortelle, elle l’enivre, elle l’égare ; pauvre femme ! dans sa joie elle fait pitié.

Oui, mais à lui elle doit plaire ; pour lui elle est séduisante, ainsi !

Quel délire ! quelle fièvre ! elle parle, il l’écoute.

— Que je l’aime ! dit-elle d’une voix étouffée, qu’il est charmant ! qu’il est beau ! oh ! mon Dieu ! comme je l’aime !

Elle est folle… mais il la trouve sublime dans sa démence, lui ! — Il la contemple, il l’adore.

Tout à coup il la voit sourire ; puis, gracieuse comme une enfant, rassembler dans ses mains ses longs et noirs cheveux ; elle les regarde, elle se rappelle comme il les a baisés ; et folle, elle les baise et les admire. Elle admire ses bras, ses belles et blanches mains ; elle se souvient de ce qu’il a dit en les caressant ; elle se répète ces paroles si tendres, ces voluptueuses flatteries qui l’enivraient ; elle se réjouit d’être