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Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/205

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quelques vices, quelques infirmités peut-être ?

— Ah ! l’horreur ! s’écrièrent plusieurs femmes en riant.

— Elle est fort jolie, la petite, dit un jeune homme ; elle a des yeux charmants.

— Chut ! écoutez.

— Elle est ravissante ! pensait Tancrède.

La jeune fille, qui avait souri gracieusement pendant le discours de sa mère, reprit alors d’une voix très-douce :


Pourquoi troubler mes jours dans leur plus belle année,
Ma mère, en m’imposant un douloureux lien :
Union de hasard, d’avance profanée
Où le cœur n’est pour rien ?

La fortune, à votre âge, est un bonheur peut-être ;
Mais au mien, ses faveurs sont des biens superflus :
Dans nos jeux innocents ses dons feraient-ils naître
Un sourire de plus ?

Voulez-vous donc cacher ma blonde chevelure
Sous des plis de velours, sous des bijoux pesants ?
Ma mère, vous voyez, cette blanche parure
Suffit à mes quinze ans.

Je ne vais pas au bal pour être regardée ;
Des fêtes de l’orgueil mon cœur n’est point jaloux.
Je mettrais en pleurant une robe brodée,
Présent d’un vieil époux.