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Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/209

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éprouver Tancrède, à qui ces vers semblaient s’adresser ?


Celui qui doit m’aimer, celui que j’aime existe ;
Invisible pour vous, il enchante mes yeux !…


Il y avait toute une destinée dans ce hasard.

Il passa le reste de la soirée à observer Clarisse, et cette observation était dangereuse. On ne pouvait la connaître sans l’aimer. Clarisse avait beaucoup d’esprit, de finesse et de naïveté ; on s’étonnait de sa simplicité.

— Elle n’est point pédante, disait-on.

Et pourquoi l’aurait-elle été ?

La pédanterie suppose un travail pénible ; elle sert à faire remarquer un talent qui a coûté ; un pédant est un homme qui a pâli sur une idée qui n’était même pas la sienne ; il veut qu’on lui sache gré de la peine qu’il s’est donnée. Le savant se souvient toujours de la science, mais le poëte ne s’aperçoit pas de la poésie ; il ne cherche pas ses idées, elles viennent d’elles-mêmes le trouver, et il les exprime pour se soulager. On fait des vers