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Page:Giraudoux - Siegfried et le Limousin.djvu/32

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CHAPITRE DEUXIÈME


Dès le lendemain, je mis Zelten au courant du mystère de la Frankfurter, qui s’était d’ailleurs épaissi depuis la veille. Le numéro du matin m’avait apporté intercalée dans un article S. V. K. sur la réforme du code maritime allemand, une série de phrases qui prétendaient s’appliquer à Sassnitz et qui provenaient d’une description de Wimereux, dont cette fois j’étais l’auteur : « … De même que les parents s’extasient sur les navires et le mouvement du port, mais que les enfants, dédaignant ce spectacle, rêvent d’apercevoir par le trou de la serrure le bateau de sauvetage et l’assiègent sous son hangar… » Ou bien : « Les barques glissent, le sable amortit le bruit des pas, tous les bruits du monde sont relégués, car les sabots du dernier promeneur de droite seuls résonnent sur la dalle du quai, aux bords extrêmes de la terre et des flots… » J’avais publié ces nouveautés considérables avec l’épigraphe dont Forestier m’avait fait compliment et que S. V. K. ne manquait pas de reprendre : « Est-ce à moi à dire les bienfaits du soir ? »

Zelten ne parut pas le moins du monde surpris de l’aventure.

— On m’a parlé de S. V. K., me dit-il. C’est ce que nous appelons chez nous un juriste poétique. Il