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Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/105

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peuvent et ne veulent être davantage, et leur gloire et leur valeur, qui ne sont pas petites, sont là. Rien qui ressemble moins à la femme parfaite, telle que les sociétés actuelles l’ont inventée et la réalisent plus ou moins ; celle-ci veut, cherche, arrive ou échoue à ses périls propres ; en tout cas, elle est fort différente de l’autre, et, sans injustice, on ne saurait jamais les comparer. Quoi qu’il en soit, bien ou mal, voilà ce qu’était Akrivie, et Norton le voyait. Elle lui rappelait avec raison une de ces belles filles peintes sur les vases athéniens, puisant l’eau dans leur amphore à la fontaine de la cité, et regardant d’un œil impassible les héros se battre et mourir pour leur conquête aussi longtemps que le résultat de la lutte ne les a pas consacrées au vainqueur.

Voici le plus curieux : Norton, homme du monde par excellence, fait à la meilleure et à la plus brillante compagnie de l’Europe, gardait au fond du cœur, à l’état latent et sans l’avoir jamais aperçu lui-même, faute d’occasion, un attrait puissant pour cette sorte de tempérament féminin. Il s’en étonna d’abord,