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Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/106

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car, jusqu’à ce jour, il avait été constamment séduit par les qualités contraires. En y regardant bien pourtant, il s’accorda sans peine que le charme n’avait jamais été d’une longue durée ; les ruptures avaient eu lieu sans autant de souffrance qu’il en aurait fallu pour être un amant parfait ; à l’extrême vivacité de l’une de ses maîtresses, à l’esprit étincelant de l’autre, à la tendresse abandonnée d’une troisième, il avait trouvé des arrière-goûts ; disposition funeste ressemblant fort à l’ingratitude et dont il s’était accusé en secret. Maintenant, il se prenait à aimer une sorte de grande enfant, étrangère à ses habitudes, à ses admirations, à ses mœurs, à ses idées, et cela sans avoir de meilleure raison à se donner que, visiblement, elle était la complète antithèse de ce qui ne lui avait qu’à moitié plu jusqu’alors ; il en concluait qu’elle était née et faite pour lui.

C’est en tant qu’Anglais, et Anglais jusqu’au bout des ongles, Anglais d’imagination comme de sang, que l’événement avait lieu. Cette race normande, la plus agissante, la plus ambitieuse, la plus turbulente, la plus intéressée de toutes les races du globe, est en même temps