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Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/108

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bien des fois depuis quelques mois déjà, et à chaque rencontre, il trouvait plus difficile de résoudre le problème, ou, pour mieux dire, il descendait un degré de plus vers une réponse méprisante. C’était à ce tournant de son existence que la fortune l’amenait à Naxos, où rien de ce qu’il avait contemplé jusqu’alors n’existait, et elle lui montrait Akrivie.

Le jeune commandant se rendit compte de tout. Pendant sa promenade nocturne, il aperçut avec lucidité le point où il en était. Il se vit sollicité par des forces divergentes. Encore l’homme de la veille, déjà l’homme du lendemain, juge et arbitre entre les deux, tout ce qui lui appartenait d’énergie dans l’âme fut employé à ne pas hâter une solution. Car, se dit-il avec une certaine amertume, la carte que je suis disposé à jeter dans cette partie sera une carte décisive, et ces coups-là ne doivent pas se jouer sous les dangereuses influences d’une nuit sublime et d’un cœur troublé.

C’était un homme logique et suprêmement maître de lui. À la grande joie de Didon, qui dormait mal sur les planches et avait depuis longtemps envie de s’étendre en bas sur sa