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Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/24

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dans les poches de son pantalon, il se promena quelque temps à grands pas, faisant une méditation sur ce texte sévère : Brutta bestia ! Quand il fut un peu calmé, il prit une chaise, l’approcha du fauteuil dans lequel était plongée Caroline, et, non sans un certain luxe de gesticulation nerveuse, échangea avec elle ces paroles ailées :

— Vous ne savez donc pas que votre Delfini est le parent, disons tout, le fils de votre… non ! de ce misérable… Je veux dire de M. Tsalla ?

— Comment donc ? comment donc ? que voulez-vous dire ?

— Je veux dire ce que je dis, et je ne parle pas au hasard. Vous n’avez pas fait attention que ce monsieur fait les yeux doux à Sophie ?

— Il n’est pas le seul, murmura apathiquement la comtesse.

— Et vous ne voyez pas que cette petite sotte de Sophie… mais non ! je ne veux pas le croire ! je ne veux pas y penser ! Ce serait trop affreux ! Être trahi deux fois dans sa vie dans une affection pareille ! et par qui, grands dieux ! Ne répondez pas, ne répondez pas, ma