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Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/25

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chère âme ; prenez que je n’ai rien dit ! Je ne vous accuse pas, je ne l’accuse pas ; je ne sais rien, je ne crois rien, je ne me doute de rien ! Êtes-vous contente ?

— Pas trop, répliqua la comtesse un peu secouée à la fin par cette véhémence acrimonieuse. Je ne sais pas ce que vous voulez dire ; vous roulez des yeux à faire peur, vous vous donnez du poing dans la tête et sur les genoux. Enfin, qu’est-ce que vous voulez ? Est-ce que je pouvais me douter que M. Delfini vous déplairait ?

— Me déplaire ! mon Dieu ! Elle appelle cela me déplaire ! Ah ! les femmes ! les femmes ! Qui est-ce qui a donc dit que les femmes… Je ne sais pas qui l’a dit, mais c’est vrai ! Et cet homme-là, avec ses yeux de charbon et cette ressemblance atroce, car tout d’abord elle m’a saisi, elle m’a poignardé, j’ai failli tomber à la renverse et m’évanouir, je vous le jure ! Eh bien, cet homme-là, il ne vous remue pas les entrailles, il ne vous fait pas horreur ? Qu’est-ce que vous avez donc dans les veines ? du lait bouilli ? quoi ?

— Enfin, que demandez-vous ? qu’ordonnez-