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Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/83

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et autant que possible sur une élévation d’où l’on pouvait découvrir la pleine mer.

Rien n’est joli comme ces castels ; ils sont entourés de vignes, d’orangers énormes, de figuiers, de pêchers et de plantations de toute sorte, fort peu soignées sans doute, mais d’autant plus plantureuses, libres et vivaces.

Après avoir marché pendant deux ou trois heures, un de ces petits châteaux se montra au penchant d’une colline. Plus blanc que les autres, plus attirant, plus élégant, plus coquet, dressant plus finement ses quatre tourillons, entouré d’arbres plus verts, plus touffus, plus chargés de citrons et d’oranges, plus contourné de vignes, il frappa d’abord les regards de Henry Norton, et les retint. Ce fut une sorte de fascination, et quand M. de Moncade, qui portait volontiers la parole, eut annoncé que c’était là le but de la promenade et que, passé un petit pont jeté sur le ruisseau, on allait trouver le domaine de son ami, le voyageur anglais eut l’impression que c’était une sorte de Rubicon qu’il allait franchir, et qu’il laisserait sur une rive sa vie ancienne pour, sur l’autre, recommencer une nouvelle existence.