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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VIII.djvu/372

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le prince défunt. Son successeur ne se trouvait pas au château. Le président de Gunderode nous fit le plus aimable accueil et nous hébergea pendant trois jours mieux que nous ne pouvions l’espérer. Je mis à profit les différentes personnes dont nous fîmes la connaissance, pour m’instruire sur divers sujets. La vie voluptueuse du dernier prince fournit une ample matière à la conversation, ainsi que les diverses dispositions qu’il avait prises pour utiliser les avantages que lui offrait la nature de son pays. C’est alors que je fus initié à tout ce qui concerne les mines, et que s’éveilla chez moi le goût des études économiques et techniques, qui m’ont occupé pendant une grande partie de ma vie. Nous entendîmes parler des riches mines de houille de Duttweiler, de l’exploitation du fer et de l’alun ; on nous parla même d’une montagne brûlante, et nous voulûmes voir cette merveille de près.

Nous traversâmes des montagnes boisées, qui doivent sembler tristes et sauvages à celui qui vient d’un pays superbe et fertile, et qui ne peuvent nous attirer que par les trésors qu’elles recèlent dans leur sein. Nous apprîmes à connaître de suite deux machines, l’une simple, l’autre compliquée : une machine à forger les faux et une tréfilerie. Si déjà la première intéresse, en ce qu’elle remplace l’ouvrage ordinaire de la main, on ne peut assez admirer la seconde, en ce qu’elle opère dans un sens organique plus relevé, et l’on dirait presque avec intelligence et conscience. Dans l’alunière, nous nous fîmes décrire exactement l’extraction et la purification — de ce minéral si nécessaire, et, ayant remarqué de grands monceaux d’une substance blanche, grasse, friable, terreuse, nous demandâmes quel en était l’emploi : les ouvriers nous répondirent en souriant que c’était l’écume qui, dans la cuisson de l’alun, était rejetée au dehors et que M. Stauf faisait recueillir, parce qu’il espérait également en tirer parti. « M. Stauf vit-il encore ? » s’écria mon compagnon de voyage. On répondit affirmativement, et l’on nous assura que, d’après notre itinéraire, nous ne passerions pas loin de sa solitude. Nous poursuivîmes notre chemin, en remontant le long des rigoles dans lesquelles on fait descendre l’eau d’alun, et auprès des principales galeries d’où sont tirées les célèbres houilles de Duttweiler. Elles ont, quand