Aller au contenu

Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VIII.djvu/373

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

elles sont sèches, la couleur de l’acier bleui, et, à chaque mouvement, le plus bel iris brille à la surface. Cependant les sombres galeries nous attirèrent d’autant moins que leurs produits étaient répandus autour de nous en abondance. Ensuite nous arrivâmes aux fosses ouvertes dans lesquelles sont lavés les schistes alumineux calcinés, et, bientôt après, nous fûmes surpris par un étrange phénomène, auquel nous étions pourtant préparés. Nous entrâmes dans une crevasse. Nous étions dans la région de la montagne brûlante. Une forte exhalaison sulfureuse nous enveloppait. Un des côtés de la caverne était presque brûlant, couvert de pierres rougeâtres brûlées à blanc ; une épaisse vapeur sortait des crevasses et l’on sentait la chaleur du sol, même à travers de fortes semelles. Cet accident, dont on ignore la cause, procure à la fabrique d’alun le grand avantage que les ardoises dont se compose la surface de la montagne se trouvent là complètement calcinées, et qu’il suffit tout simplement de les laver. Toute la crevasse s’était formée par l’enlèvement et l’emploi successif des ardoises calcinées. Nous sortîmes de ce gouffre en grimpant, et nous nous trouvâmes au haut de la montagne. Un agréable bois de hêtres entourait la place qui suivait la caverne ; il s’étendait sur les deux côtés. Plusieurs arbres étaient déjà brûlés, plusieurs se flétrissaient dans le voisinage d’autres, encore tout frais, lesquels ne prévoyaient pas l’embrasement qui s’approchait de leurs racines. Sur la place, diverses ouvertures fumaient, d’autres avaient cessé, et ce feu couvait ainsi depuis dix ans, à travers les anciennes galeries et les anciens puits dont la montagne est minée. Il s’étend peut-être aussi aux filons à travers les couches de houilles non exploitées ; car, à cent pas plus loin dans le bois, on s’était proposé de poursuivre des indices marquants d’abondantes couches de houille, mais on n’eut pas pénétré bien avant, qu’une épaisse fumée arrêta les ouvriers et les chassa. On avait refermé l’ouverture, mais nous trouvâmes la place encore fumante quand nous passâmes auprès, en continuant notre chemin pour gagner la résidence du chimiste solitaire. Elle est entourée de bois et de montagnes ; les vallées y font des contours aussi agréables que variés ; aux environs, le sol est noir et charbonneux ; les couches se montrent souvent