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Page:Goncourt - Journal, t4, 1892.djvu/105

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Par ici, par là, des scintillements de vitres de villas, toutes lointaines, pareils à des scintillements de lustres de cristal. Plus proche, les maisons du Parc des Princes, de Billancourt, toute la bâtisse jusqu’à la Seine, détachée en violet sur des bouquets d’arbres pâles, et qu’on dirait sillonnée, là où le soleil frappe les ardoises, de petits cours d’eau brillantée. À partir de là, un second plan de brume azurée, que, depuis le Point-du-Jour jusqu’à Auteuil, raye sans interruption une perspective de coups de canon, crachant de gros nuages concrétionnés, ressemblant à des déroulements d’entrailles. Partout la fumée emplissant le creux des terrains, et faisant comme une assise de brouillard à la pierre des maisons.

Sur le boulevard Montmorency, des gens regardant debout dans des voitures. Voitures et gens, en la transparence froide d’un coin de jour, sans soleil ; et en le reflètement gris du pavé, n’ont pas de couleur : ils font presque les taches, au noir neutralisé d’une photographie de la high life, mangée par la lumière.

Un peu à droite est la pièce de marine du rempart. À chaque coup de canon, les artilleurs disparaissent au milieu d’un tourbillon de fumées ardentes, que le vent emporte vers le Point-du-Jour dans un grand nuage montant de travers par le ciel blanc, puis les artilleurs reparaissent tout enguirlandés d’écharpes de fumée, longues à se détacher de leurs vêtements, et reparaissent encore dans une espèce de lumière d’apothéose — la lumière du jour, trans-