Aller au contenu

Page:Goncourt - Journal, t4, 1892.djvu/146

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

femmes maigres se traduit par un spasme nerveux ; chez les femmes grasses, par une espèce de convulsion. Chez les premières c’est plutôt un allongement, un étirement, chez les secondes un resserrement, une contraction.

La petite mort met sur la figure des unes de l’extatisme, sur celle des autres de l’apoplexie.

Vendredi 18 novembre. — Une nuit de cauchemar passée avec les absents, avec ceux que la mort ou l’exil a retranchés de ma vie. Mon frère était condamné à mort, pour une cause dont je n’avais pas la conscience bien exacte dans mon rêve. J’allais trouver Sainte-Beuve, pour qu’il me donnât une lettre de recommandation. Je l’attendais longtemps dans une immense pièce, remplie de porcelaines de Saxe. Cela m’intriguait de trouver une si grande pièce dans sa petite maison, et encore de découvrir au critique un goût que je ne lui connaissais pas. Enfin je le voyais arriver avec ce petit pas trotte-menu, ce sourire finement spirituel, avec lesquels il faisait son entrée dans un salon, et il passait près de moi, en me jetant un regard, où je ne voyais pas d’yeux, et il ressortait par une autre porte. Alors je songeais à m’adresser à la princesse Mathilde, que je ne rencontrais pas chez elle, mais dans un bâtiment ressemblant à un Hôtel de ville de l’étranger. C’était sans doute le ressouvenir dans mon sommeil, qu’elle était à Mons. Elle m’accueillait avec ce doux sourire triste du regard,