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Page:Goncourt - Journal, t4, 1892.djvu/161

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la garde royale. Il parle de l’élan des troupes, des zouaves qui, à l’attaque de Villiers, ont été admirables, et d’une compagnie, dont quatre hommes seuls, n’ont pas été touchés.

Vendredi 2 décembre. — Tout Paris est aujourd’hui dans l’avenue du Trône. Et le spectacle vous est donné de la grande émotion de la capitale, se tenant près de ses portes, raccourcissant la distance, rapprochant d’elle les nouvelles.

Des deux côtés de la chaussée, gardée libre par la garde nationale, jusqu’à la barrière aux colonnes bleuissantes dans un coup de soleil d’hiver, deux foules s’étageant et formant, çà et là, sur les tas de pierrailles : — des monticules d’hommes et des femmes. La chaussée toute pleine de l’allée et du retour des voitures d’ambulance, des chariots d’obus, des camions de cartouches, des caissons de munitions, des transports de toutes sortes, que fait refluer et cogne, à chaque quart d’heure, dans un encombrement strident de ferraille, la fermeture de la barrière du chemin de fer.

Et les yeux de la foule, tournés vers le point culminant de l’avenue, où l’on voit déboucher les voitures d’ambulance qui reviennent, et les regards, cherchant le chapeau d’un prêtre sur le siège, la coiffe blanche d’une sœur sur la banquette. Chez tous, il y a un frisson douloureux, mêlé à une curiosité avide des pâleurs, des taches de sang, des souffrances con-