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Page:Goncourt - Journal, t4, 1892.djvu/182

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sortie de soldats, de voitures, de fourgons, ce va-et-vient de la guerre dans cette apparence de bivouac de Russie.

Le premier journal que j’achète, m’apprend que le bombardement est commencé.

On ne sait, chez Brébant, ce soir, que ce qui est au rapport militaire des journaux du soir. On parle du bombardement, qu’on croit plutôt, dans le moment, de nature à agacer qu’à terrifier la population parisienne — cela contrairement à la pensée d’un journal allemand, trouvant que le moment psychologique du bombardement est arrivé. Le moment psychologique d’un bombardement, n’est-ce pas que c’est bien férocement allemand ?

On cause de l’inertie du gouvernement, du mécontentement produit dans la population par l’absence de l’action du général Trochu, par ses atermoiements sans fin, par le néant de ses tentatives et de ses efforts.

Un convive dit que le général n’a aucun talent militaire, mais des côtés d’homme politique et d’orateur. Ici Nefftzer interrompt, pour déclarer que c’est le jugement qu’en porte Rochefort, qui l’a beaucoup pratiqué et l’admire un peu. Cette éloquence du général, qui débuterait un peu à la façon de l’éloquence de M. Prudhomme, s’échaufferait, se métamorphoserait, au bout de quelques instants, en une parole entraînante et persuasive.

De Trochu on saute à l’honnêteté politique, et à ce propos Nefftzer se montre très dur pour Jules