Aller au contenu

Page:Goncourt - Journal, t4, 1892.djvu/181

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sont aidées, dans leur œuvre de destruction, ces femmes, par d’affreux mioches qui se font la courte échelle contre les arbustes de l’avenue de l’Impératrice, cassant ce qu’ils peuvent atteindre, et traînant derrière eux un petit fagot, attaché à une ficelle que tient leur main enfoncée dans leur poche.

Si ce terrible hiver continue, tous les arbres de Paris tomberont, sous le besoin urgent de calorique.

Mardi 27 décembre. — En montant la rue d’Amsterdam, j’ai devant moi un corbillard, dont le drap noir est couvert d’une veste aux broderies d’or à la place des épaulettes. Le mort est suivi d’un garde national et d’un membre du comité des ambulances. Autour de moi, on dit que c’est la bière d’un officier saxon.

À la porte des chantiers de bois, des queues menaçantes.

Malgré l’étoupage de la neige qui tombe rare, floconneuse, cristallisée, on entend partout là une canonnade lointaine et sans interruption, dans la direction de Saint-Denis et de Vincennes.

Devant le cimetière Montmartre, des files de corbillards dont les chevaux soufflent, dont les cochers, noires silhouettes sur la neige blanche, battent la semelle.

Je m’arrête quelques instants à la porte de la Chapelle, et m’amuse à regarder à la lumière des lanternes qui s’allument, cette incessante entrée et