Aller au contenu

Page:Goncourt - Journal, t4, 1892.djvu/220

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

croyance, la certitude d’une délivrance, certitude qu’ils lui ont laissée jusqu’au dernier moment, « et il y a là, reprend du Mesnil, un danger : c’est qu’on ne sait pas, la capitulation signée, si elle ne sera pas rejetée par la portion virile de Paris ? »

Renan et Nefftzer font des signes de dénégation.

« Prenez garde, continue du Mesnil, on ne vous parle pas de l’élément révolutionnaire, on vous parle de l’élément énergique bourgeois, de la partie des compagnies de marche qui s’est battue, et veut se battre, et ne peut accepter comme ça, tout à coup, cette livraison de ses fusils et de ses canons. »

Deux fois on a annoncé le dîner, mais personne n’a entendu.

On se met enfin à table.

Chacun tire son morceau de pain.

— Au fait, dit je ne sais plus qui, vous savez comment Bauër a baptisé Trochu : « un Ollivier à cheval ! »

La soupe est mangée. Ici Berthelot donne l’explication vraie de nos revers : « Non, ce n’est pas tant la supériorité de l’artillerie, c’est cela seulement que je vais vous dire. Oui, le voici, c’est quand un chef d’état-major prussien a l’ordre de faire avancer un corps d’armée sur un tel point, pour une telle heure : il prend ses cartes, étudie le pays, le terrain, suppute le temps que chaque corps mettra à faire certaine partie du chemin. S’il voit une pente, il prend son… (un instrument dont j’ai oublié le nom) et il se rend compte du retard. Enfin, avant de se coucher, il a