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Page:Goncourt - Journal, t4, 1892.djvu/221

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trouvé les dix routes par lesquelles déboucheront, à l’heure voulue, les troupes. Notre officier d’état-major, à nous, ne fait rien de cela, il va le soir à ses plaisirs, et le lendemain, en arrivant sur le terrain, demande si ses troupes sont arrivées, et où est l’endroit à attaquer. Depuis le commencement de la campagne, et je le répète, c’est la cause de nos revers, depuis Wissembourg jusqu’à Montretout, nous n’avons jamais pu masser des troupes sur un point choisi, dans un temps donné. »

On apporte une selle de mouton.

— « Oh ! dit Hébrard, on nous servira le berger à notre prochain dîner ! »

En effet, c’est une très belle selle de chien.

— « Du chien, vous dites que c’est du chien, s’écrie Saint-Victor, de la voix pleurarde d’un enfant en colère, n’est-ce pas, garçon, que ce n’est pas du chien ? »

— « Mais c’est la troisième fois que vous en mangez, du chien, ici ! »

— « Non, ce n’est pas vrai… M. Brébant est un honnête homme, il nous préviendrait… mais le chien est une viande impure, — fait-il avec une horreur comique, — du cheval, oui, mais pas du chien. »

— « Chien ou mouton, bredouille Nefftzer, la bouche pleine, je n’ai jamais mangé un si bon rôti… mais si Brébant vous donnait du rat… moi je connais ça… C’est très bon… le goût en est comme un mélange de porc et de perdreau ! »

Pendant cette dissertation, Renan qui paraissait