Aller au contenu

Page:Goncourt - Journal, t4, 1892.djvu/275

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lui-même, la cuisine de sa guerre, la mène lui-même, n’est pas sous le joug du militarisme. Cela amuse ces hommes, les intéresse. Alors, rien ne les fatigue, rien ne les décourage, rien ne les rebute. On obtient tout d’eux, — même d’être héroïques.

Toujours, dans les Champs-Élysées, des obus jusqu’à la hauteur de l’avenue de l’Alma, et tout autour de l’Obélisque, des curieux que traverse à tout moment le galop d’une estafette, couchée sur son cheval, absolument comme un singe de Cirque.

Aux barricades de la place Vendôme, un va-et-vient de sales capotes marron, dont quelques-uns ont des casseroles, au bout de leurs fusils. Ces hommes ont l’air de promener des taches dans le quartier.

Le conducteur de l’omnibus, en passant devant la Manutention, d’où sortent à chaque instant des tonneaux de vin, me conte l’effrayant gaspillage qui s’y fait : les doubles rations exigées par les officiers pour leurs hommes, et les quatre ou cinq pains qu’emportent, chaque jour, dans leurs tabliers, les femmes de Belleville.

Jeudi 13 avril. — On commence à entendre le houhou plaintif des obus, tombant sur la batterie du Trocadéro, qui se bat, au-dessus de notre tête, avec le Mont-Valérien.

Je passe devant le café du Helder, où mes yeux cherchent naturellement une figure militaire. Le café