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Page:Goncourt - Journal, t4, 1892.djvu/301

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ponse à la sommation de rendre le fort d’Issy, menace, sous le prétexte d’insolence — il est bien difficile à une sommation de ne l’être point un peu — menace de faire fusiller le premier parlementaire qui en apportera une seconde.

Cela me semble la suppression du dialogue entre les deux armées.

Huit heures. Aux Champs-Élysées un ciel d’or pâle, teinté de rose. Les arbres violacés, avec dessous des silhouettes noires s’avançant ou reculant, à mesure que les détonations d’obus se rapprochent ou s’éloignent. Des groupes aux discussions colères, tout homme qui discute les actes de la Commune, est traité de mouchard — un mot qui fait assassiner par les foules.

Parmi les orateurs, un ouvrier à la figure rageuse des politiqueurs de Gavarni. Après une terrible sortie contre Versailles, il termine par cette phrase significative. « Et puis dans dix ans, sous prétexte d’une revanche, ils nous feront marcher contre les Prussiens, c’est ce qu’il ne faut pas ! » Du groupe se détachent trois soldats, dont l’un dit à ses camarades : m… pour les discours libéraliques ; la chose : c’est que nous avons huit litres de vin dans notre bidon, un pain de quatre, et un gros morceau de… de quelque chose que je n’entends plus.

Jeudi 4 mai. — Mauvaises nouvelles d’Auteuil et du boulevard Montmorency. Les obus pleuvent au-