Aller au contenu

Page:Goncourt - Journal, t4, 1892.djvu/381

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« J’étais entré le 5 juin, je sortais le 21 octobre, le jour de ma naissance. J’étais resté le dernier du plat… Olready, lui, quand je suis sorti, faisait vingt-deux jours de cale. »

« C’est drôle, au premier repas que j’ai fait dehors, quand j’ai trouvé une fourchette à côté de mon assiette, il m’a fallu un petit effort de mémoire pour savoir à quoi ça servait… »


3 décembre. — La composition, la fabulation, l’écriture d’un roman : belle affaire ! Le dur, le pénible, c’est le métier d’agent de police et de mouchard qu’il faut faire, pour ramasser, — et cela la plupart du temps dans des milieux répugnants, — pour ramasser la vérité vraie, avec laquelle se compose le roman contemporain. Mais pourquoi, me dira-t-on, choisir ces milieux ? Parce que c’est dans le bas, que dans l’effacement d’une civilisation, se conserve le caractère des choses, des personnes, de la langue, de tout, et qu’un peintre a mille fois plus de chance de faire une œuvre ayant du style, d’une fille crottée de la rue Saint-Honoré que d’une lorette de Bréda. Pourquoi encore ? peut-être parce que je suis un littérateur bien né, et que le peuple, la canaille, si vous voulez, a pour moi l’attrait de populations inconnues, et non découvertes, quelque chose de l’exotique, que les voyageurs vont chercher, avec mille souffrances dans les pays lointains.