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Page:Goncourt - Journal, t4, 1892.djvu/94

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grisonnant : — les facies maussades des purs et des vertueux.

Des casiers de bois blanc, appliqués contre les murailles, montent jusqu’au plafond, bondés de cartons ; et des tables à tréteaux font le ventre, sous la montagne en désordre de liasses de papier, de lettres, de quittances, de factures. Au bout d’un clou enfoncé dans l’or du cadre d’une glace, se balancent les : Instructions pour le dépouillement de la Correspondance.

J’ai la sensation d’être entré dans le cabinet noir de l’inquisition de la Révolution, et ce décachetage haineux de l’Histoire me répugne. C’est dans la salle Louis XIV, que se tiennent les membres de la commission : c’est là où s’élabore le grand tri. Parmi les papiers qui sont là, j’en prends un au hasard. C’est un compte, où le grand dépensier, Napoléon III, fait repriser ses chaussettes, à raison de vingt-cinq centimes, le reprisage.

Samedi 15 octobre. — À vivre sur soi-même, à n’avoir que l’échange d’idées, aussi peu diverses que les vôtres autour d’une pensée fixe ; à ne lire que les nouvelles, sans inattendu, d’une guerre misérable, à ne trouver dans les journaux que le rabâchage de ces défaites, décorées du nom de reconnaissances offensives ; à être chassé du boulevard par l’économie forcée du gaz ; à ne plus jouir de la vie nocturne, dans cette ville de couche-tôt ; à ne plus pouvoir lire ;