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Page:Goncourt - Journal, t5, 1891.djvu/122

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tant, je le croise sous la porte cochère, et il me jette : « Condamné à mort à l’unanimité ! »

Vendredi 12 décembre. — De Béhaine, en attendant le dîner, et Stoffel qui est en retard, me parle de l’espèce de susceptibilité maladive de Bismarck, de ses fureurs à la moindre attaque d’un journal français, de sa gallophobie, de la chance, qu’a la France de trouver dans le comte d’Arnim — tout Prussien qu’il est — un sentiment aristocratique, qui le rend hostile au radicalisme français et non à la France.

Avec un autre ambassadeur, il a la certitude qu’un prétexte aurait été déjà trouvé pour envahir à nouveau notre pays.

Mardi 16 décembre. — Décidément, je n’ai plus d’intérêt à créer un livre. — Créer un massif de fleurs, une chambre, une reliure : voilà, ce qui dans ce moment, amuse ma cervelle.

Comme on parle de l’action révolutionnaire, exercée dans les élections en province, Calemard de Lafayette dit : « L’agent révolutionnaire le plus redoutable, et qu’on retrouve presque dans tous les cantons, — j’ai pu en faire l’observation moi-même — c’est un huissier véreux, devenu banquier. »