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Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/77

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noncé, un mouvement presque imperceptible de roulis, et que si vous leur demandez d’assaisonner d’un peu du tangage de la femme européenne, vous répondent indignées, que vous leur demandez à faire l’amour comme les chiens.

Mercredi 3 juillet. — Octave Mirbeau est venu me voir aujourd’hui. De suite sa conversation va à Rodin. C’est un enthousiasme, une chaleur de paroles, pour son exposition, pour ses deux vieilles femmes dans une grotte, ses femmes aux mamelles desséchées, qui n’ont plus de sexe, et qui s’appellent, je crois : « Sources taries. » À ce sujet, il me rappelle qu’il est, un jour, tombé sur Rodin modelant une admirable chose, d’après une femme de quatre-vingt-deux ans, une choses encore supérieure aux « Sources taries », et quelques jours après, lui demandant où sa terre en était, le sculpteur lui disait qu’il l’avait cassée ; depuis il aurait eu comme un remords de la destruction de l’œuvre louée par Mirbeau, et avait fait les deux vieilles femmes exposées.

Mirbeau a beaucoup pratiqué Rodin. Il l’a eu deux fois chez lui, pendant des séjours d’une quinzaine de jours, d’un mois. Il me dit que cet homme silencieux, devient en face de la nature, un parleur, un parleur plein d’intérêt, et un connaisseur d’un tas de choses, qu’il s’est appris tout seul, et qui vont des théogonies aux procédés de tous les métiers.