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Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/78

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Jeudi 4 juillet. — Une lettre adressée à Pierre Gavarni, ces jours-ci :

Mon cher petit,

Une idée baroque m’a traversé la cervelle aujourd’hui. J’ai touché ces temps-ci 12 000 francs, pour droits théâtraux de Germinie Lacerteux, et je me suis souvenu que l’œuvre de ton père de Mahérault, avait été acheté en vente publique par Rœderer, 12 000 francs. Je n’ai jamais placé d’argent, et je suis embarrassé de mes 12 000 francs devant la pénurie de l’objet d’art chinois ou japonais. Voudrais-tu me céder l’œuvre lithographique, eaux-fortes et procédés de ton père ? La collection serait gardée, tu n’en doutes pas, jusqu’à ma mort et après moi elle serait vendue d’après un catalogue très bien fait. Tu as des enfants, tu n’es pas dans les conditions égoïstes où je me trouve. Voilà, réfléchis…

Maintenant il est bien entendu que je ne cherche pas à faire une affaire, et que cette proposition vient de la religion que j’ai pour le talent de ton père, et que si tu avais envie de vendre, et que si tu trouvais 25 centimes au-dessus de mon prix, je me retirerais. Je n’ai pas besoin de te dire que je ne voudrais pas que ma proposition exerçât la moindre pression sur ta volonté.

Vendredi 5 juillet. — On l’a retrouvé, mon pauvre hérisson, à quelques pas de l’endroit, où il était venu