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Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/177

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Je suis à côté, tout à côté de Sarah, et chez cette femme qui toucherait à la cinquantaine, le teint du visage, qui, ce matin, n’a aucun maquillage, pas même de poudre de riz, est un teint de fillette, un teint d’un rose tout jeunet, sur une peau d’une finesse, d’une délicatesse, d’une transparence curieuse aux tempes, sous le réseau de petites veinules bleues. C’est le teint, dit Bauër, d’une seconde jeunesse.

Un moment Sarah parle de son hygiène, des haltères qu’elle fait le matin, d’un bain chaud d’une heure, qu’elle prend tous les soirs. Puis elle passe à des portraits de gens qu’elle a connus, pratiqués, de Rochefort, de Dumas fils, etc.

Elle a, cette femme, incontestablement une amabilité innée, un désir de plaire qui n’est pas de commande, mais naturel.

Lundi 16 octobre. — La France n’a plus la mesure d’une nation bien portante. Dans ses sympathies, ses affections, c’est une détraquée, dont les engouements ont l’humble domesticité d’une courtisane amoureuse.

Mardi 17 octobre. — Dîner ce soir, chez Sarah, pour la lecture de la Faustin.