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Page:Goncourt - Outamaro, 1891.djvu/133

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OUTAMARO

une similitude inquiétante avec certains animaux[1].

Je citerai enfin, dans un tout autre ordre, cette série où l’on voit, en tête de chaque planche, une paire de besicles, dont l’un des verres porte : Yeux de parents, et l’autre : Enseignements, et dont la vraie traduction est : Conseils de parents, — et qui semblent une suite de petites actions de la vie privée, faites comme sous le commandement de ces vieux yeux, et à l’effet de les contenter et de les réjouir[2].

  1. Et le peintre est servi, aidé dans ces métamorphoses, par un des habillements les plus primitifs, ainsi que le décrit M. Remy dans ses Notes médicales sur le Japon : des sandales de paille aux pieds, les membres inférieurs nus, une serviette blanche passée entre les jambes et attachée à la ceinture, une veste à large manches ouverte sur le devant, un chapeau hémisphérique sur la tête contre le soleil, un mouchoir bleu pour s’essuyer la figure : c’est là tout le vêtement du Japonais du peuple, quand il n’est pas seulement habillé de tatouages.
  2. Il y a même chez Outamaro des ingéniosités, non pas non seulement dans l’invention des sujets, mais dans le faire. C’est ainsi que le Japon artistique a donné une servante d’une maison de thé, une servante que la légende de l’image nous apprend servir dans la maison Maniba, et qui, dans l’original sur une feuille de papier, mince comme une pelure d’oignon, et où on la voit à la fois de face et de dos, est imprimée avec une telle exactitude de repérage, que la feuille, traversée par la lumière, ne laisse apercevoir qu’un seul personnage.