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Page:Goncourt - Outamaro, 1891.djvu/146

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L’ART JAPONAIS

plaisir, sicut cadaver, à tel point qu’on ne sait, si c’est une noyée ou une vivante, et dont une immense pieuvre, avec ses effrayantes prunelles en forme de noirs quartiers de lune, aspire le bas du corps, tandis qu’une petite pieuvre lui mange goulûment la bouche.

Et encore dans ce livre étrange qui a pour titre ; Yéhon-Kimmo-Zuyé, L’encyclopédie illustrée pour la jeunesse, et dont les dessins ont une certaine parenté avec les livres des écrivains à l’imagination déréglée, aux concepts extravagants, à ces livres un peu fous, ou selon Montaigne, « l’esprit faisant le cheval échappé, enfante des chimères », dans ce recueil astronomique, astrologique, physiologique, hétéroclite, €e sont des espèces de rébus philosopho-pornographiques, où la sexualité des humains se change en cartes du ciel et de la terre, où la mentule des hommes se transforme en bonshommes fantastiques de planètes inconnues, où les parties naturelles de la femme deviennent tantôt un oiseau de proie apocalyptique, tantôt un paysage où l’on reconnaît le Fuzi-yama.

Outamaro a donc été l’imaginateur d’un certain nombre d’albums en noir et en couleur, où se retrouvent les qualités du dessinateur, mais où le nu de ses courtisanes à poil n’a plus, pour