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Page:Goncourt - Outamaro, 1891.djvu/43

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OUTAMARO

corps ; vous l’avez, dans ses appuiements de tête sur le dos de sa main, quand elle réfléchit, dans ses agenouillements, les paumes de ses mains appuyées sur les cuisses, quand elle écoute, dans sa parole, jetée de côté, la tête un peu tournée, et qui la montre dans les aspects si joliment fuyants d’un profil perdu ; vous l’avez dans sa contemplation amoureuse des fleurs qu’elle regarde aplatie à terre ; vous l’avez dans ses renversements, où légèrement elle pose, à demi assise, sur la balustrade d’un balcon ; vous l’avez dans ses lectures, où elle lit dans le volume tout près de ses yeux, les deux coudes appuyés sur ses genoux ; vous l’avez dans sa toilette, qu’elle fait avec une main tenant devant elle son petit miroir de métal, tandis que de l’autre main passée derrière elle, elle se caresse distraitement la nuque de son écran ; vous l’avez dans le contournement de sa main autour d’une coupe de saké, dans l’attouchement délicat et recroquevillé de ses doigts de singe, autour des laques, des porcelaines, des petits objets artistiques de son pays ; vous l’avez enfin la femme de l’Empire du Lever du Soleil, en sa grâce languide, et en son coquet rampement sur les nattes du parquet.

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