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Page:Goncourt - Outamaro, 1891.djvu/44

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L’ART JAPONAIS

feuille les aimables tableaux. Regardez ces femmes, à la rêverie prêtant à de si charmantes attitudes derrière les shoji[1] ; regardez cette jeune fille assise à la devanture d’une maison, assise appuyée par derrière sur ses mains ouvertes, une jambe relevée sur le coffre qui lui sert de siège, et l’autre jambe pendante, le pied sorti de la chaussure tombée à terre ; regardez cette jolie musicienne, suivie de sa porteuse de schamisen, marchant pour se rendre à la maison, où elle doit faire de la musique, marchant comme avec une espèce de grâce peureuse, dans cette nuit noire, sous un ciel qui semble étoilé de la neige qui tombe ; regardez ces deux

  1. Une caractéristique de l’habitation japonaise, dit M. Remy dans ses Notes sur le Japon, est l’étendue des ouvertures qui y sont réservées. Il n’y a de murailles que du côté exposé à la pluie, autour de la porte, au niveau des dépendances, cuisines, cabinets. Encore ces murailles faites de madriers noircis ou de lattes enduites d’argile et de mortier ne vont pas jusqu’à terre, elles sont supportées par le plancher, qui est toujours suspendu à 50 centimètres du sol, sur des poteaux donnant à la maison l’apparence d’une construction sur pilotis.

    Il reste entre les poteaux de la construction, de larges ouvertures béantes, qui sont fermées par des cloisons mobiles de deux ordres différents. Les unes solides et formées de larges volets de bois, se posent sur la bordure du plancher, et montent jusqu’au toit en glissant dans les rainures, et rappellent nos fermetures de magasins. Elles