Page:Goncourt - Outamaro, 1891.djvu/45

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
35
OUTAMARO

jeunes filles allongées de tout leur long sur le parquet, les deux coudes à terre, les deux mains opposées l’une à l’autre, et luttant à qui fera baisser la main de son amie ; regardez ces deux fillettes qui se font des confidences, un bras passé autour du cou, et dont les deux mains libres se joignent devant elles, dans un mouvement de prière ; regardez encore, regardez toujours…

Et c’est un défilé de ces élégantes femmes, à l’étoffement du haut du corps, à l’enroulement resserré autour des reins et des cuisses d’une robe, qui plaque et leur donne, selon l’heu-

    ne s’emploient que la nuit, et en prévision des tremblements de terre, on y réserve de petites portes permettant de fuir lestement, en cas de danger. Les autres cloisons qui limitent les appartements, proprement dits, sont placées à un mètre en arrière des premières, de telle sorte que la surface du plancher laissée libre entre elles, forme un balcon pendant le jour, un corridor pendant la nuit. Cette cloison intérieure nommée shoji est une véritable curiosité du Japon, à cause du rôle qu’y remplit le papier. C’est un cadre de sapin supportant un grillage rectangulaire serré dans des baguettes de bois, sur lequel sont tendues et collées des feuilles de papier blanc et mince, qui remplacent le verre — et derrière lesquelles, disons-le, les gens qui passent prennent ce caractère d’ombres chinoises, que reproduisent les images.