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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/104

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CONTES D’ITALIE

en souffrir. Mais tu es inutile à la ville, même comme otage ; ton fils ne se soucie pas de toi. Nous pensons qu’il t’a oubliée, et ce sera là ton châtiment, si tu trouves que tu en mérites un ! Il nous semble pire que la mort !

— Oui, dit-elle, il est pire que la mort !

On ouvrit la porte devant elle, et elle sortit de la ville ; longtemps, du haut des murs, ses concitoyens la regardèrent marcher sur la terre natale tout imbibée du sang répandu par son fils. Elle allait lentement, détachant à grand’peine les pieds de ce sol ; elle saluait les cadavres des défenseurs de la ville, repoussait dédaigneusement du pied les armes brisées. Les mères haïssent les armes offensives, elles n’admettent que celles qui servent à défendre la vie humaine.

Elle semblait porter sous son manteau une coupe pleine d’un liquide qu’elle craignait de répandre ; en s’éloignant, elle devenait