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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/105

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LA MÈRE DU TRAÎTRE

toujours plus petite ; et ceux qui la regardaient du haut des murs avaient l’impression de voir partir avec elle le désespoir et l’anxiété.

À mi-chemin, elle s’arrêta, rejeta en arrière le capuchon qui lui couvrait la tête, et contempla longuement la ville. Du camp ennemi, on aperçut cette femme seule au milieu des champs, et des silhouettes sombres s’approchèrent d’elle avec une lenteur prudente.

On lui demanda qui elle était et où elle allait.

— Votre chef est mon fils, déclara-t-elle, et aucun des soldats ne douta de sa parole. Ils se groupèrent autour d’elle et marchèrent à ses côtés en louant la vaillance et le génie de leur général. Elle les écouta en relevant la tête avec fierté, mais elle ne parut pas étonnée : c’est ainsi que devait être son fils.

Et la voilà devant celui qu’elle n’avait jamais senti hors de son cœur. Il était vêtu de soie et de velours, et ses armes étaient serties de pierres précieuses. Tel il lui