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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/120

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CONTES D’ITALIE

plus affreuse : on eût dit une boule prête à se détacher du mince cou atrophié et à s’envoler, se cognant aux angles des maisons et se balançant avec paresse de côté et d’autre.

Tous ceux qui regardaient en passant dans la cour s’arrêtaient sans le vouloir, stupéfaits, frissonnants, ne sachant ce qu’ils voyaient. Près du mur où grimpait une vigne, une caisse était posée sur des pierres, comme sur un autel, et de cette caisse surgissait la tête du monstre, qui attirait les regards des passants. Le visage était jaune et sillonné de rides, les pommettes saillantes ; les yeux ternes s’écarquillaient, désorbités, et leur image se gravait pour longtemps dans la mémoire. Le large nez épaté frémissait ; les mâchoires et les pommettes aux dimensions disproportionnées se mouvaient sans cesse ; les lèvres gercées remuaient, découvrant les dents carnassières, et deux grandes oreilles de bête saillaient de chaque côté de la tête comme si elles eussent vécu d’une vie propre. Ce masque terrifiant était surmonté d’une toison de cheveux noirs et