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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/138

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CONTES D’ITALIE

tandis que les vagues s’accrochaient aux pierres comme pour appeler le jeune homme.

Le voilà assis au bord d’un rocher gris et rosé ; il laisse pendre ses jambes bronzées ; ses yeux noirs, grands comme des prunes, plongent sans s’en détacher dans l’eau verdâtre et transparente ; au travers de ce verre liquide, ils distinguent un monde étonnant, plus beau que tous les contes ; ils voient la forêt des algues rousses et dorées, de laquelle jaillissent dès « violas » multicolores, vivantes fleurs de la mer ; puis voici les « perchia » aux yeux bêtes, au museau constellé de dessins et au ventre taché de bleu ; les « sarpa » dorées, les « canie » rayés et hardis ; les noirs « guaracini », qui se démènent comme de beaux diables ; les « sparalioni », les « occhiati » et autres merveilleux poissons qui scintillent, innombrables, tels des plats d’argent. Avant d’engloutir lever et l’hameçon, chacun d’eux les tâte adroitement avec ses petites dents, car tous sont intelligents et rusés.